Des jours et des vies by Gill Paul

Auteur:Gill Paul [Paul, Gill]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
ISBN: 2368121994
Éditeur: Éditions Charleston
Publié: 2018-05-08T22:00:00+00:00

Une semaine plus tard, inconsolable, Dimitri regagna Iekaterinbourg. Il avait fouillé la région de fond en comble sans trouver la moindre trace des Romanov. En ville, il s’était passé bien des choses depuis son départ : l’armée blanche était arrivée, chassant les bolcheviques, et l’atmosphère était à la fête. Les bâtiments étaient ornés de drapeaux, les rues jonchées des fleurs qu’avaient jetées les habitants sur les soldats venus les libérer.

— On a l’impression d’émerger d’une grotte en plein soleil, déclara le consul. Nous n’avons plus à nous prosterner devant ces infâmes gardes rouges.

— Avez-vous des nouvelles de la famille impériale ?

— Pas encore. La pression internationale s’intensifie. On demande aux bolcheviques de les livrer. Les rois Alphonse d’Espagne et Christian du Danemark constituent des représentations diplomatiques. J’imagine que nous apprendrons bientôt où ils se trouvent.

Dimitri se détourna. Chaque minute à s’interroger sur le sort de Tatiana était une véritable torture. Pourvu qu’elle n’ait pas été châtiée pour sa tentative d’évasion ! Qui pourrait faire pareille chose ? Elle était si jeune, si lumineuse…

— La villa Ipatiev est abandonnée, déclara Sir Thomas. Personne ne surveille la grille et les curieux s’y sont introduits.

Dimitri regarda par la fenêtre.

— Il y aura peut-être un indice quant à leur destination. Je vais aller y jeter un coup d’œil.

Il traversa vivement la rue et franchit la grille avec un groupe de personnes. Il connaissait la distribution des pièces grâce au plan d’Elena. Il monta donc à l’étage et se dirigea vers la chambre qu’avaient partagée les quatre sœurs. Le soleil filtrait à travers les vitres peintes mais il flottait dans la pièce une odeur de renfermé et de moisi. Les lits de fortune étaient encore là, les couvertures en désordre, et le sol était jonché d’objets : une brosse à dents, un livre de prières, une aiguille et du fil. Il ramassa le livre, sur lequel était inscrit le prénom de Maria. Sans doute l’avait-elle oublié ou n’avait-elle pas eu le temps de le prendre. Une paysanne entre deux âges arracha du mur un portrait de la Vierge en guise de trophée. Dimitri observa les autres effets. Hélas, aucun indice sur l’endroit où les Romanov avaient été emmenés. Une chose était certaine, toutefois : ils étaient partis précipitamment. Être ainsi dans la chambre des filles lui sembla à la fois étrange et déplacé.

La pièce voisine était celle du tsar et de la tsarine. Alexis devait dormir au pied de leur lit. Dimitri y découvrit le même genre d’objets personnels : bibles, images pieuses, dominos de porcelaine. Un exemplaire des Contes de Shakespeare gisait à terre. Tatiana lui avait écrit qu’elle en lisait des extraits à son frère. Dimitri traversa les pièces occupées par le médecin d’Alexis et la femme de chambre d’Alexandra, la salle à manger, où la famille avait dû prendre ses repas autour d’une table ronde en chêne sculpté, la salle de bains et les toilettes qu’ils partageaient. Le logement était si étriqué et inconfortable qu’il n’osait y imaginer Tatiana. Les postes de

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